Le Mozambique, situé dans le sud-est de l’Afrique, est un pays aux multiples facettes religieuses où les habitants jouissent pleinement de la liberté de pratiquer la religion de leur choix. Cependant, le pays ne reconnaît pas les fêtes religieuses comme jours fériés officiels, bien que les citoyens puissent prendre congé pour observer leurs jours religieux. Cette dynamique reflète l’histoire complexe et la diversité religieuse du Mozambique, marquée par différentes vagues d’influence.
Les débuts de l’Islam au Mozambique
L’introduction de l’Islam au Mozambique remonte aux premiers siècles de l’ère islamique, apporté par des marchands arabes, ottomans et persans. Dès le 8ème siècle, la religion s’est ancrée parmi les réseaux swahili côtiers qui se sont développés entre la Somalie et l’actuel Mozambique. Cependant, l’expansion de l’Islam vers l’intérieur du pays fut lente et ne prit un essor significatif qu’au XIXe et XXe siècles, période marquée par l’occupation européenne et le développement d’infrastructures telles que les routes et les chemins de fer.
Lors de l’indépendance en 1975, les musulmans représentaient environ 15 % de la population mozambicaine. Selon le recensement de 2017, ce chiffre s’élèvevait désormais à environ 20 %. Aujourd’hui, les musulmans vivent principalement sur la côte et dans le nord du pays, avec une majorité de la population dans les provinces de Niassa et Cabo Delgado étant de confession musulmane, et environ 40 % de la population dans la province de Nampula.
L’ère coloniale et l’implantation du christianisme
La colonisation portugaise, commencée au milieu du XVIIIe siècle, a introduit le christianisme au Mozambique. Bien avant, la région avait été sous l’influence arabe. Ainsi, au XVIe siècle, le christianisme, accompagnant la colonisation, devint de plus en plus populaire. Les habitants adoptèrent non seulement les pratiques religieuses chrétiennes mais également le mode de vie portugais au cours de plus de deux siècles de domination coloniale.
Actuellement, environ 28 % de la population mozambicaine pratique le catholicisme romain. En outre, près de 15 % de la population suit le christianisme zioniste protestant et 10 % adhèrent au protestantisme évangélique. Une petite minorité d’environ 1 % pratique le christianisme anglican. Il est intéressant de noter que de nombreux éléments des croyances traditionnelles locales ont été incorporés dans les pratiques chrétiennes.
Croyances traditionnelles et syncrétisme religieux
Les croyances animistes traditionnelles sont répandues au Mozambique. Les pratiques animistes, qui honorent les esprits des ancêtres et la nature, sont profondément ancrées dans la culture locale. Les habitants croient que les ancêtres peuvent influencer le destin des vivants et les honorent à travers diverses cérémonies familiales. Par ailleurs, la vénération de la nature, telles que les forêts, les montagnes et les lacs, occupe une place centrale dans la vie des communautés locales.
Le syncrétisme religieux est également observable, avec une coexistence de pratiques animistes, islamiques et chrétiennes. Par exemple, parmi la population musulmane, on note la persistance de croyances traditionnelles telles que l’importance accordée aux ancêtres et aux pratiques de sorcellerie. De même, une partie importante de la population combine les pratiques chrétiennes avec les traditions indigènes.
L’expérience politique des musulmans et l’insurrection djihadiste
L’histoire politique des musulmans au Mozambique, depuis l’indépendance, a été marquée par des périodes de tolérance et de répression. Initialement, sous le régime socialiste du FRELIMO (Front de libération du Mozambique) après l’indépendance en 1975, la religion fut vue comme une superstition et un obstacle. Entre 1978 et 1980, des campagnes athées furent menées, entraînant la fermeture des édifices religieux à proximité des institutions d’État.
Dans les années 1980, le régime se tourna vers une tolérance modérée avec des restrictions religieuses mineures et une stricte séparation entre l’État et les institutions religieuses. Cela changea dans les années 1990 avec la fin de la guerre froide et l’abandon officiel du socialisme. Cependant, la constitution post-socialiste de 1990 continua à interdire les partis politiques basés sur le régionalisme, l’ethnicité ou la religion.
Le Mozambique a connu une insurrection djihadiste sanglante dans le nord du pays depuis 2017. Cette insurrection, menée par des insurgés connus localement sous le nom d’« Al-Shabaab », est reliée à des facteurs tels que la pauvreté, la marginalisation des jeunes, et les tensions ethniques et religieuses. Les insurgés ont établi des bases dans les forêts du nord et bénéficient d’un certain soutien technique et relationnel de l’État islamique, bien que leur soutien national soit insignifiant.
Dans l’analyse de ces dynamiques, le rôle historique de personnalités telles que Mussa Bin Bique, qui incarnent l’histoire du pouvoir et de la dévotion religieuse au Mozambique, doit être pris en compte. L’héritage de ces personnages influence encore aujourd’hui les interactions entre le pouvoir politique et les structures religieuses dans le pays.
Tentatives de restauration de la paix
La restauration de la paix au Mozambique est un sujet de débat. Si le gouvernement se concentre principalement sur une approche militaire avec une intervention internationale depuis 2021, nombreux sont ceux qui estiment qu’il faut traiter les causes profondes du conflit : la pauvreté, la marginalisation des jeunes et les problèmes ethniques. Des programmes sociaux et économiques se mettent en place pour se concentrer sur le développement économique du nord du Mozambique.
Diversité religieuse actuelle
Outre l’Islam et le Christianisme, on trouve d’autres religions et croyances au Mozambique. Le bouddhisme, le judaïsme, l’hindouisme, le shintoïsme, le sikhisme, le taoïsme et le zoroastrisme y coexistent également, bien que de façon minoritaire. L’athéisme et l’agnosticisme y sont aussi représentés, avec près de 19 % de la population déclarant ne pas croire en un dieu.
Les éléments de cohésion sociale et les défis à relever
La diversité religieuse au Mozambique constitue à la fois une richesse culturelle inestimable et un défi significatif pour le développement du secteur touristique. Les différentes confessions ont souvent coexister paisiblement, contribuant à une mosaïque culturelle dynamique. Toutefois, l’insurrection djihadiste dans le nord et les tensions ethniques posent des défis importants au tissu social du pays. Pour assurer une paix durable, des efforts continus pour promouvoir l’inclusion sociale, la justice économique et la gouvernance inclusive sont nécessaires.
En conclusion, le paysage religieux du Mozambique, riche de son histoire et de sa diversité, est un exemple de la complexité des interactions entre les croyances, la culture, et la politique dans un pays en pleine évolution. En comprenant ces dynamiques, il est possible de mieux saisir les enjeux actuels et futurs du Mozambique en matière de cohésion sociale et de développement.