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Alors que les recettes du gouvernement fédéral provenant de la production pétrolière augmentent, il en va de même pour ses subventions sur les tarifs nationaux du gaz. Le gouvernement fédéral nigérian subventionne l’énergie électrique et le combustible, en faisant la distinction entre les dépenses de production et les dépenses facturées aux clients, afin de les rendre plus rentables.

La deuxième économie d’Afrique pourrait investir jusqu’à 5 milliards de dollars dans les aides d’ici la fin de l’année, selon la société d’analyse et de recherche financière Financial Derivatives Business (FDC), basée à Lagos. C’est bien plus que la prévision antérieure de 3,5 milliards de dollars du ministre d’État aux ressources pétrolières, Emmanuel Ibe Kachikwu. Le dépassement des dépenses s’explique par le fait que d’autres coûts prioritaires attirent l’attention du gouvernement : 11 millions de Nigérians en âge d’aller à l’école sont en dehors du système scolaire.

Le gouvernement fédéral de Muhammadu Buhari a mis fin à un programme d’aide jugé inefficace mis en place par son prédécesseur, Goodluck Jonathan, sans toutefois suspendre la subvention du carburant. Plutôt que de payer des aides aux importateurs, comme cela avait été fait pendant le mandat de Goodluck Jonathan, le gouvernement a transféré les importations à l’entreprise pétrolière nationale.

Les cours internationaux du pétrole étant passés de 49,49 dollars le baril en 2015 à 70,28 dollars cette année, les dépenses d’aide du Nigeria ont logiquement fortement augmenté. Elles ont grimpé en flèche de 210% en deux mois, passant d’une dépense moyenne quotidienne de 774 millions en mars 2018 à 2,4 milliards par jour aujourd’hui, alors que le pays fait face à des déficits financiers et à des obligations financières croissantes.

A la veille des élections de février 2019, Atiku Abubakar et d’autres opposants ont vigoureusement critiqué Buhari pour l’augmentation des coûts de l’aide et l’opacité dans leur gestion qui encouragerait la corruption.

Le sujet brûlant des subventions au carburant

Étant donné qu’il n’est pas politiquement viable de réduire les subventions ou d’augmenter les prix, le gouvernement recherche une porte de sortie, au risque de provoquer des manifestations sociales.

À mesure que le coût du pétrole augmente, le gouvernement fédéral subit de plus en plus de pressions pour réduire les aides ou augmenter les coûts du carburant, ce qui pourrait nuire aux possibilités de réélection du gouvernement fédéral actuel. De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer une réforme. Des institutions internationales comme la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international incitent les gouvernements fédéraux à réduire les aides coûteuses et à les fournir de manière ciblée aux populations vulnérables. La Banque mondiale affirme que les aides provoquent une lourde pression financière sans fournir de solution durable. D’ailleurs, au Nigéria, les villes les plus urbanisées comme Abuja ou Lagos affichent un prix à la pompe inférieur à celui de régions reculées. Les foyers aisés paient ainsi moins leur carburant que les populations vulnérables. « Le paiement de l’aide pétrolière est tout simplement insoutenable », affirme Victor Eromosele, ancien superviseur de base du financement de Nigeria LNG et maintenant président du Centre for Petroleum Info.

Hiérarchiser les priorités du gouvernement

Le prix de l’aide est près de 5 fois plus élevé que les crédits annuels du budget d’investissement pour l’agriculture, les soins de santé, l’éducation, le commerce et les investissements financiers intégrés. Le gouvernement fédéral nigérian subventionne également le secteur de l’électricité, miné par les problèmes matériels, les mauvaises infrastructures et les retards de paiement. Le gouvernement fédéral a ainsi investi des fonds considérables dans les réformes du secteur de l’électricité tout au long de l’année : 16 milliards de dollars pour le Fonds de l’électricité entre 1999 et 2007 et 155 milliards de dollars pour un fonds d’intervention dans le cadre du décret tarifaire pluriannuel visant à combler les lacunes dans les dépenses du secteur électrique entre 2009 et 2013.

Le gouvernement fédéral a achevé une procédure de réforme et de privatisation du secteur de l’électricité en 2013 et, en raison de problèmes persistants dans ce secteur, a versé environ 420 milliards de Naira en paiements de déficit tarifaire entre février 2015 et décembre 2016. Il s’agit de déficits causés par des tarifs inférieurs aux frais d’expédition des services, ce qui entraîne un paiement du gouvernement fédéral aux opérateurs du secteur économique de manière quasi-permanente.

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