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Le 2 juillet dernier, le groupe PSA, producteur des marques Peugeot, Citroën, DS, Opel et Vauxhall, a produit sa toute première voiture entièrement assemblée au Maroc dans la toute nouvelle usine de l’Atlantic Free Zone (AFZ) de Kenitra, au nord de la capitale Rabat. La production industrielle devrait débuter en mars 2019, avec un volume prévisionnel de 100 000 automobiles par an. Le 4 septembre dernier, le groupe a révélé qu’il allait doubler la capacité de production de l’usine pour la porter à 200 000 voitures et camions par an, pour une valeur de 560 millions d’euros (652 millions de dollars) de plus.

Plus de la moitié des pièces de camions, qui sont basées sur la plate-forme modulaire typique établie par PSA et son partenaire chinois Dongfeng Motors, seront produites dans cette région. Cette infrastructure ressemble à l’immense usine de voitures et de camions de Renault à Tanger, où l’utilisation de pièces automobiles fabriquées par des entreprises nationales prend progressivement de l’ampleur.

Le Made in Morocco prend son envol

Des groupes régionaux tels que Dolidol, Afrique Câbles, Maghreb Steel, Induver, Floquet, CFD, Sinfa, Tuyauto et GPC sont les acteurs de cette petite révolution économique. Afrique Câbles, filiale d’Ynna Holding, a d’ailleurs fait mouche avec ses batteries électriques Electra « made in Morocco ».

Dolidol est l’un des principaux opérateurs marocains dans le secteur de l’ameublement et du linge de lit, fournissant du bois de calage et des mousses acoustiques pour l’insonorisation des usines régionales appartenant aux fabricants français de dispositifs Trèves et Gergonne. L’entreprise vient d’installer une usine de housses de siège à Casablanca en partenariat avec la société espagnole Jobelsa.

Bien que miné par des difficultés financières, Maghreb Steel a réussi à devenir en 2015 un fournisseur de premier rang d’acier plat pour l’usine Renault de Tanger. Les volumes de production restent modestes pour l’instant. Globalement, une quinzaine d’entreprises marocaines occupent les rangs des fournisseurs de premier et de second rang sur le marché régional.

Dans des pays comme la Thaïlande et la Turquie, qui deviennent des acteurs de plus en plus importants sur la scène mondiale du secteur automobile, l’implication des entreprises régionales sur le marché est faible. En Thaïlande, 45 % seulement des prestataires de premier rang sont des entreprises nationales. Le ministre marocain du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, a déclaré que sa priorité était d’atteindre 18 milliards d’euros d’exportation de véhicules en 2025, indépendamment de l’intégration des fournisseurs. Il a ainsi expliqué que les entreprises étrangères qui s’implantaient dans l’AZ avaient les mêmes droits que les entreprises marocaines, y compris les aides de l’Etat fournies par le Fonds Hassan II ou le Fonds pour le progrès industriel.

Naturellement, le fait d’être un acteur important dans le secteur automobile ne se fera pas du jour au lendemain. Le poids du marché dans l’économie nationale est pourtant énorme : 25% des exportations totales du Royaume !

En mettant l’accent sur les écosystèmes de services régionaux, M. Elalamy est en fait un fervent partisan de l’utilisation d’une plus grande quantité de matériel régional pour permettre au marché automobile de s’ancrer encore plus profondément dans les mœurs économiques du pays. Par conséquent, même les entreprises régionales les plus réticentes ont fini par prendre le train en marche.

Charges liées aux avances

Pour attirer Renault, Afrique Câbles a investi dans la recherche et le développement. L’entreprise a en effet injecté 10 millions d’euros dans un centre de recyclage de plomb, tout en faisant du lobbying pour intégrer ce type de recyclage dans les programmes de l’Etat. L’Association Marocaine pour l’Industrie et la Construction Automobile souhaite participer à travers son centre de promotion technique Cetiev. L’année dernière, elle a signé un contrat avec Attijariwafa Bank pour la mise en place d’une « Stratégie Automobile » destinée aux PME.

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